♀️Quand l’homme a besoin du féminin.

Il m’arrive, parfois, de sentir mon corps tellement tendu qu’il n’arrive plus à se relâcher. Pas de douleur précise, mais vaste... comme une absence de douceur. Comme une envie de plonger dans un bain chaud et qu’une main vienne me rejoindre là où je me suis oublié.

Il y a un sujet dont on parle peu. Peut-être parce qu’il est trop subtil, trop fragile, trop chargé. Peut-être aussi parce qu’on ne sait pas trop comment l’aborder sans déranger, sans passer pour un homme en manque, ou un homme qui veut "prendre".

Mais je vais oser. Parce que ce n’est pas une demande. Ce n’est pas une plainte. C’est un partage. Une vérité qui veut s’exprimer simplement, sans masque.

Je suis un homme. Parfois, j'ai besoin qu'une femme prenne soin de moi. Pas une professionnelle, pas une thérapeute, ni une experte avec un horaire serré, une fiche client et un reçu à remettre. Juste une femme présente, simple, douce, à l'écoute, incarnée, une personne qui comprend que prendre soin, c’est un art sacré, un engagement profond, au-delà de la chair.

Je me souviens d’un massage que j’ai reçu, un jour, sans parole. La femme ne me demandait rien, elle était là, présente... Et c’est comme si tout mon système nerveux s’était mis à pleurer en silence. Je ne savais même pas que j’avais besoin de ça, mais mon corps, lui, s’en souvenait.

Ce que je nomme ici, ce n’est pas une sexualité déguisée, ni un fantasme inconscient. C’est un besoin fondamental : celui de retrouver un lien vrai avec le féminin. Un contact, une tendresse, une chaleur, un soin, un moment de guérison.

Mais on ne nous apprend pas ça. Je n'ai pas appris cela, je ne l'ai pas reçu en exemple. Comme plusieurs, j'ai appris à performer, à fournir, à tenir, survivre, résister, rester fort... mais pas à m'écouter et me déposer. Quand j'essaie, je suis malhabile, imparfait... je me juge, on me juge, je me ferme, et ensuite, parfois, il n’y a personne. Ou sinon, cela doit-il vraiment se passer dans un cadre rigide, aseptisé : « Où as-tu mal ? Allonge-toi. Tu veux un reçu ? Merci, à la prochaine. »

Tout est là, mais il manque quelque chose. Il manque l’amour. Pas l’amour romantique, pas l’amour sexuel, mais de l’amour humain, celui de ce qui est vivant en nous, et de l’amour du féminin pour le masculin, dans un espace sécuritaire, respectueux et profond.

Je sais que c’est un sujet délicat. Je suis reconnaissant pour les soins professionnels, car ils ont leur place. Mais il existe une autre forme de soin, plus rare, plus sacré, qu’on a oubliée.

Je comprends les femmes qui se protègent, qui ressentent des malaises, qui ne veulent pas prendre de risques, parce qu'il y a des hommes blessés, désorientés, parfois en manque, qui traversent des limites de façon maladroite, voire irrespectueuse. Mais je crois que derrière ces gestes déplacés, il y a souvent un vide immense, un manque d’amour, d’écoute, de tendresse. C'est un cri silencieux que personne ne sait vraiment entendre ni adresser.

Je ne dis pas que tout est à excuser. Je dis qu’il y a un fossé entre hommes et femmes, entre le masculin blessé et le féminin sur la défensive, et ce fossé se creuse chaque fois qu’on évite d’en parler.

Ce que je ressens profondément, c’est qu’un homme qui reçoit l’amour du féminin devient plus fort, pas dans le sens d’être plus dur, plus musclé ou plus résistant, mais dans le sens d’être plus centré, plus habité, plus juste...

Un homme qui se dépose dans les bras d’une femme en ne cherchant rien et qui s’abandonne à l'amour, ce n’est pas un homme qui devient dépendant, c’est un homme qui se retrouve. Et je crois que l’inverse est tout aussi vrai. Le féminin a besoin du masculin sacré pour se sentir en sécurité, respecté, aimé.

Alors oui, je rêve d’un monde où il existe des espaces sûrs, d’accueil, de lenteur, où le féminin et le masculin se rencontrent autrement. Des soins d’âme à âmes, des moments d’échanges simples et vrais, pas en tant que service calculé, mais en tant que geste sacré.

Peut-être est-ce le moment de recréer ces espaces.

Peut-être est-ce en nommant ces vérités qu’on pourra enfin les vivre.

Robin

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