Je partage ici une expérience intérieure intense.
Une de celles qui ne laissent pas tranquille. Une de celles qui arrachent le voile. Ce n’était pas la première, mais cette fois, c’est quelque chose de très ancien qui s’est ouvert : la dualité.
Noir. Blanc. L’ombre. La lumière. Dieu. Le vide.
Un mouvement incessant entre deux extrêmes. Une tension vivante, vibrante, dérangeante. Une oscillation qui ne demande pas qu’on la tranche, mais qu’on la traverse. Qu’on l’habite.
Quand je regarde vers la lumière, je suis ébloui. Je sens Dieu. Je sens la paix, l’unité, l’évidence d’un amour sans forme.
Mais dans mon dos, je sens l’ombre. Et si je me retourne pour la comprendre, pour la regarder en face, alors la lumière passe derrière moi. Et j’ai l’impression que Dieu s’éloigne.
> Quand je regarde vers la lumière, mon ombre me suit.
> Quand je regarde mon ombre, c’est la lumière qui me suit.
> Mais dans les deux cas… je suis là .
Et peut-être que c’est ça, la vraie révélation : Je suis celui qui voit.
Celui qui contient les deux.
Celui qui ne cherche plus Ă choisir.
Je sens cette vérité jusque dans ma peau, dans ma colonne, dans mon souffle.
Cette tension entre vouloir être bon, lumineux, pur… et sentir pourtant l’appel de l’ombre.
Pas comme une tentation. Comme un appel à voir, à réunir.
Ce que je vis, c’est ce que certains appellent le paradoxe du cœur éveillé.
Ce point de friction entre l’ombre et la lumière.
Et c’est là , exactement là , que quelque chose de grand peut naître.
Dans plusieurs traditions anciennes du taoïsme au soufisme, en passant par le tantrisme ou les voies contemplatives chrétiennes, la lumière n'est jamais dissociée de l'ombre.
On ne devient pas "plus lumineux" en niant l'ombre, mais en la traversant, en la reconnaissant, en l'intégrant.
L’ombre n’est pas un défaut. C’est un pli de l’âme. Une zone d’enseignement. Un miroir.
Dans la symbolique du yin et du yang, par exemple, chaque pôle contient le germe de l’autre.
Le blanc n’est jamais entièrement blanc, ni le noir totalement noir.
Ce sont deux forces complémentaires, en perpétuelle transformation, qui ne peuvent exister l’une sans l’autre.
Maître Eckhart disait :
« L’œil par lequel je vois Dieu est le même œil par lequel Dieu me voit. »
Cela signifie que la perception de Dieu passe par une présence consciente à soi-même.
Si je refuse de voir mon ombre, je limite ce regard.
La lumière ne peut être pleinement reçue que si je suis prêt à accueillir tout ce que je suis, y compris les zones sombres, floues, blessées.
Carl Jung, père de la psychologie analytique, écrivait :
« Celui qui regarde à l’extérieur rêve. Celui qui regarde à l’intérieur s’éveille. »
« L’ombre est cette part de nous que nous ne voulons pas voir. Mais si elle reste inconsciente, elle dirige notre vie… et nous appelons cela le destin. »
Chez Jung, l’ombre n’est pas une menace, mais une invitation. Refuser de la voir, c’est vivre à moitié. C’est permettre à ce qui est caché de gouverner en silence. Mais l’accueillir, c’est devenir libre. C’est entrer dans le processus d’individuation, où chaque partie de nous retrouve sa place juste, sans contrôle ni refoulement.
Krishnamurti, quant à lui, invitait à la présence nue, radicale. Il parlait de cet observateur silencieux qui ne prend pas position. Celui qui ne nomme pas, ne juge pas, mais regarde.
Et dans ce regard sans volonté, sans défense, naît une paix que rien ne peut troubler.
Une paix qui ne vient pas de la victoire sur l’ombre, mais de l’abandon du combat. Ces enseignements, même anciens, sont vivants. Ils murmurent tous la même chose :
> Ce n’est pas l’ombre qu’il faut fuir.
> C’est le déni de soi qu’il faut laisser tomber.
Ce n’est pas la lumière ou l’ombre qui posent problème.
C’est le refus d’en accueillir une, ou l’obsession de l’autre.
Et moi, je le vis dans ma chair.
Dans mes pensées. Dans ma respiration.
Je vois comment j’ai cherché à être toujours du bon côté.
Être dans la lumière. Être juste. Être clair. Être aimant.
Mais Ă quel prix ?
Celui de nier une part de moi.
Celui de renier cette ombre qui ne demande pas Ă dominer, mais Ă ĂŞtre reconnue.
Et aujourd’hui, je ne veux plus trancher.
Je ne veux plus me fuir.
Je veux être le lieu d’union.
Le lieu où la lumière peut éclairer sans écraser.
Le lieu où l’ombre peut se déposer sans ravager.
Je ne cherche plus Ă ĂŞtre pur.
Je ne cherche plus à m’éclairer jusqu’à disparaître.
Ni Ă plonger dans le noir pour tout comprendre.
Je cherche Ă me contenir moi-mĂŞme.
Ă€ devenir le lieu oĂą les deux peuvent vivre ensemble.
Un oui à ma lumière.
Un oui Ă mon ombre.
Un oui à ma force, à ma peur, à ma beauté, à mon chaos.
Robin
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